Un avis affiché en haut des produits biologiques au IGA Cookshire. Crédit : Scott Stevenson
Les paniers de fraises du Québec partaient de la tablette au IGA Cookshire l’autre jour comme les petits pains chauds partent du Marché de la Ferme Patry à Weedon ou du Jardin de la boulangère à Ascot Corner.
On nous recommande de les laver.
Un organisme de protection consommateur américain, le Environmental Working Group (EWG), met les fraises au deuxième rang sur une liste de douze fruits et légumes, le Dirty Dozen, les plus contaminés de pesticides. Seuls les épinards sont considérés pire.
Au Canada, par contre, Santé Canada nous rassure que, pour la plupart, toute notre alimentation est sécure, en autant qu’on la lave et la manipule comme il faut.
Les propos de chaque côté m’amènent des doutes, de ceux qui tirent l’alarme autant que de ceux qui nous disent que tout est beau : nos systèmes d’alimentation sont si complexes et les nuances possibles, infinies.
« Il s’agit d’un processus scientifique très compliqué », a répondu Marie-France Gagnon, une analyste d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), à Frédéric Bissonnette, de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, lors d’un balado produit par l’AAC en janvier 2024.
M. Bissonnette expliquait l’approche de Santé Canada, son employeur, dans l’évaluation des risques d’utilisation de pesticides pour notre alimentation.
« En gros, je passe le message de : “Ne vous inquiétez pas. La nourriture qui est vendue au Canada est sécure”. »
Comme le balado, les sites Internet de Santé Canada et d’Agriculture et Agroalimentaire Canada contiennent beaucoup de rassurement. Peut-être trop.
« En science, le risque zéro n’existe pas », admet finalement M. Bissonnette.
L’EWG est indépendant, selon son site Internet, et il parle justement des risques. Mais il n’offre pas de détails dans ses avertissements, pas de preuves, pas de discussions sur les « limites maximales de résidu (LMR) » de pesticides. Est-ce plutôt dans leur intérêt de faire les manchettes avec leur « Dirty Dozen »?
Comment alors avoir la confiance, et quelles sont nos valeurs alimentaires aujourd’hui?
Pourquoi les poisons?
On a choisi de produire en masse—légumes, fruits, et tellement d’autres produits—pour payer moins cher du côté consommateur et pour gagner plus d’argent du côté producteur. C’est le système que nous avons adopté comme société. Ça implique des coûts, du côté alimentaire, environnemental, et humain. C’est très difficile de faire autrement maintenant, malgré les efforts de plusieurs petits producteurs dans le Haut-Saint-François, ailleurs en Estrie, au Québec, et plus loin.
Est-ce que, alors, une toute petite quantité de poison (LMR) dans nos aliments est acceptable? C’est ce que nos experts tentent de nous dire.
Après tout, on l’accepte sur nos corps, avec la chasse-moustique, et dans nos maisons et bâtiments pour empêcher les infestations.
Dépendamment de vos valeurs, pour avoir confiance, apprenez à connaître vos fermiers; achetez leurs produits, visitez leurs fermes, participez à leur production ou à leur distribution.