Cookshire-Eaton: L’ancien directeur par intérim brise le silence avec sa version 

L’ancien directeur général par intérim, Jean-Charles Bellemare, a publiquement défendu sa réputation mercredi en rencontrant des journalistes lors d’une conférence de presse à Lennoxville.  

Lundi soir, le conseil municipal de Cookshire-Eaton l’a congédié, mais M. Bellemare n’avait toujours pas été officiellement informé de la décision mercredi matin. 

« J’ai appris hier matin en lisant La Tribune que j’avais été congédié », de dire M. Bellemare aux journalistes de La TribuneThe Record, et Le Haut-Saint-François qui assistaient à la conférence de presse. 

M. Bellemare a dit qu’il étudie « les recours possibles afin d’obtenir des réparations et de rétablir ma réputation. » 

« Pour le moment, mon avocat fait une demande d’intervention auprès du Tribunal administratif du travail dans le dossier d’une plainte qui a été déposée », a-t-il ajouté. 

M. Bellemare a fait le compte rendu de sa relation avec la municipalité et de certains problèmes internes dont il a hérité, d’abord comme consultant, agissant comme directeur général intérimaire, puis comme employé au même poste. 

« Je faisais le travail que trois personnes à temps plein faisaient auparavant », a déclaré M. Bellemare, en énumérant les postes de directeur général, de trésorier et de greffier, au moment de l’élection municipale du 2 novembre. 

« Peu avant le déclenchement des élections municipales, la greffière de la Ville, d’office présidente d’élection en vertu de la Loi sur les cités et villes, s’est absentée pour une durée indéterminée », selon le communiqué émis par M. Bellemare et sa relationniste, Anne Turcotte, mercredi. « Dans ce contexte, le Conseil a convenu d’un contrat de travail de six mois avec Monsieur Bellemare pour lui permettre d’exercer prioritairement la fonction de président d’élection et ainsi assurer la tenue de cet important exercice démocratique. Ce contrat […] devait se terminer en mars 2026 ». 

Le poste de directeur général de Cookshire-Eaton a fait l’objet de controverses et de conflits depuis la démission de l’ancien directeur général en mai.  

« La Ville de Cookshire-Eaton a d’abord retenu les services de Monsieur Bellemare à titre de consultant à temps partiel, le 23 juin dernier. Ce mandat faisait suite à une dissension au sein même du Conseil quant à la manière de pallier le départ du directeur général Martin Tremblay et pourvoir le poste laissé vacant depuis le mois de mai », selon le communiqué de M. Bellemare. 

« À la suite du départ du directeur général précédent […], quelques employés convoitaient sérieusement le poste », de dire M. Bellemare. Une recommandation du comité des Ressources humaines pour le combler à l’interne a ensuite été rejetée par le conseil municipal, qui a vu sa propre décision rejetée et a ensuite choisi d’engager une ressource à l’externe, M. Bellemare. 

Cette « saga », dans ses mots, s’est poursuivie jusqu’à maintenant. 

Lorsque la question de l’embauche permanente de Jean-Charles Bellemare comme directeur général a été soulevée début novembre, un groupe d’employés municipaux s’est impliqué. Ils ont soumis une lettre de deux pages au conseil exprimant leur souhait qu’il soit embauché à long terme. 

« Nous souhaitons exprimer, avec conviction et franchise, notre désir collectif de voir Jean-Charles poursuivre son mandat à la direction générale à long terme. Sa présence, sa vision et son leadership humain représentent à nos yeux la meilleure garantie d’une administration solide, cohérente et tournée vers l’avenir », selon la lettre signée par huit employés-cadres de la ville, soit Charles Gauthier, Étienne Gagnon-Desrosiers, Jessica Shank, Marie-Li Audet, Michael Gosselin, René Lavigne, Sacha Le Néa et Sylvain Dusseault. 

Selon M. Bellemare, sa suspension par la nouvelle mairesse deux semaines plus tard était pour « manquements essentiels à une saine collaboration avec la mairie », selon la mairesse.  

« Le tout, sans jamais m’avoir convoqué préalablement pour discuter de son insatisfaction et me permettre de m’ajuster à sa vision, comme tout employé est en droit de s’attendre de son employeur », selon le communiqué de M. Bellemare. 

« Dès le lendemain des élections et dans les jours qui ont suivi, je me suis entretenu à plusieurs occasions avec la nouvelle mairesse, Mme Daphné Raymond, pour favoriser son intégration », a-t-il dit en conférence de presse. « J’ai également fourni tous les outils de travail qu’il m’était humainement possible de lui remettre au premier jour de son mandat. » 

À la fin novembre, quatre conseillers ont questionné et critiqué publiquement la nouvelle mairesse concernant la suspension. Ils ont convoqué une réunion extraordinaire du conseil, la nomination du directeur général étant l’un des trois points à l’ordre du jour.  

En même temps, le 25 novembre, la Commission municipale du Québec (CMQ) a publié son « Rapport d’enquête », constatant un « climat organisationnel conflictuel et en détérioration constante » à l’Hôtel de Ville. 

« En mai 2025, le directeur général de la Ville démissionne en donnant un court préavis. Le Comité Ressources humaines […] propose que la trésorière assure l’intérim comme directrice générale, mais le conseil rejette […] cette proposition et décide que l’intérim soit plutôt effectué par la greffière. Le maire appose alors son veto. […] Un directeur général par intérim provenant de l’externe est nommé, mais seulement à temps partiel. Il ne parvient pas à freiner l’escalade des conflits entre les membres du personnel-cadre et les membres du conseil. Malgré sa nouvelle composition issue des élections, le conseil municipal voit ses tensions internes continuer de s’accentuer », selon le Rapport.  

« L’enquête révèle des failles importantes par leur cumul en matière de gestion des ressources humaines du personnel-cadre de la Ville dans les derniers mois. » 

M. Bellemare dit qu’il est d’accord avec les conclusions de la CMQ et que les problèmes précédaient son travail à Cookshire-Eaton. 

Le rapport CMQ est principalement critique envers le conseil municipal de Cookshire-Eaton et non envers le directeur général par intérim (DGI). Le rapport note que le DGI a été informé des conclusions du rapport et qu’ « il accueille favorablement les recommandations ». 

« J’abondais dans le même sens », a-t-il précisé en conférence. « En fait, les conclusions de qu’est-ce qui devait être fait à Cookshire-Eaton pour améliorer les processus, pour rendre les choses plus conformes, plus claires, et respecter les normes et les règles, j’arrivais aux mêmes conclusions que la Commission municipale. » 

M. Bellemare se dit « profondément bouleversé » par les déclarations publiques à son égard et « choqué qu’on commente mon dossier d’employé sur la place publique. » 

Il a néanmoins précisé « d’entrée de jeu qu’il accepte le compromis voté à la majorité des élus et respecte la décision prise démocratiquement » à la séance ordinaire du conseil lundi dernier. 

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Scott Stevenson
Scott est le directeur du Journal depuis 2024. Originaire du Canton de Hatley, il demeure sur sa ferme à Island Brook depuis 2012.
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