J’ai espéré à voix haute, lors de l’assemblée annuelle du Journal en avril, du temps moins venteux cette année, comparativement à 2024. Peut-être que je n’étais pas réaliste, si on considère les grandes vagues partout aujourd’hui. Par sa raison d’être, un journal navigue au centre du lac et non pas caché dans une baie à l’abri des grands courants.
Autrement dit, je prévois déjà du temps encore venteux pour nous cette année. Un autre arrêt de travail chez Postes Canada semble être à nos portes, au moment d’aller sous presse. Nous avons devancé la production de notre édition papier pour éviter le début d’un tel arrêt, au moins.
Aussi, la semaine passée, nous avons reçu une convocation à la Cour des Petites créances pour une demande de dédommagement d’une directrice en probation avec nous pendant environ deux mois en 2023-2024. À la suite de notre décision de ne pas l’engager de manière permanente, nous lui avons payé le montant auquel elle avait droit, même plus. Le juge décidera si elle avait droit à encore plus, après notre audience en juillet.
En 2023, le Journal a aussi été poursuivi légalement, dans ce cas au sujet d’un article qui remettait en question la façon dont nous avions cité. Notre enregistrement de l’entrevue, rejoué devant les avocats, semble avoir contribué à la retraite de cette poursuite en 2024.
Parfois des vagues turbulentes; parfois des vents plaisants. Pour être professionnel, un journal doit naviguer dans ces eaux souvent turbulentes. Le public a besoin de savoir ce qui se passe. Qui fait quoi? Qu’est-ce qui risque de l’affecter? Dans les situations conflictuelles, ce n’est pas tout le monde qui aime que l’information soit partagée, même quand l’information est importante pour les citoyens.
Les émotions montent en turbulence elles aussi, d’où l’importance pour les journalistes et les journaux professionnels d’en parler de façon juste et respectueuse. Si nous voulons vivre dans une société elle-même moins turbulente et stressante, chacun et chacune a un devoir de parler de façon respectueuse.
Justement, notre chroniqueuse, Rachel Garber, se plaint d’un manque de respect et des abus dans les dialogues publics de nos jours. Elle cite les tristement célèbres « F— Trudeau », apparemment devenu « … Carney », dans un de nos villages, annoncé sur le côté d’une maison privée.
Quand j’aperçois ces affiches, j’ai le goût de répondre avec un message semblable dirigé vers l’auteur. Mais, ça, c’est ma réaction émotive et impulsive, et cette façon de parler n’a pas sa place dans le dialogue public.
Ce n’est pas une question de limiter la liberté d’expression, ni une question de convictions politiques. C’est plutôt une question d’encourager des échanges et des différences d’opinion dans le respect de chacun et d’un désir d’améliorer la vie, de façon constructive, pour tout le monde.
Insulter quelqu’un, en anglais ou en français, est abusif. On ne devrait pas le tolérer. J’espère que les municipalités en question et leurs voisinages puissent trouver des solutions à ces messages qui polluent notre espace public.
J’espère aussi que les gens – habituellement motivés par la colère et la peur – qui sentent le besoin de se prononcer par les gestes et mots aussi extrêmes, trouvent de meilleures façons de régler leurs turbulences intérieures.