Une carrière qui provoque des secousses à Sawyerville

Crédit photo : Annik Lauzon

La Carrière FB débutera officiellement ses activités le 16 juin au bout du chemin Bédard dans le secteur de Sawyerville, à Cookshire-Eaton. Pour les propriétaires de l’entreprise, il s’agit de l’aboutissement de trois années de démarches. Pour certains résidents, il s’agit d’une surprise qui s’est présentée sous la forme de secousses de dynamitage ou de passages de camions.  

« On l’apprend tous par surprise par un post Facebook sur Spotted. Tout le monde est pris de court, tout le monde est mécontent de ça », explique le représentant de la demi-douzaine de citoyens opposés au projet, qui a préféré garder l’anonymat. 

De son côté, le couple d’entrepreneurs derrière Carrière FB dit qu’il n’a pas de relations publiques à faire, en plus de toutes les démarches légales et gouvernementales qu’il a dû compléter jusqu’à présent. « Ça changera rien pour nous autres. Ils comprennent pas qu’ils nous font juste de la pub gratuite. Le projet fermera pas, c’est impossible. J’ai déjà toutes mes autorisations », confie Dany Fauteux, propriétaire de la carrière. 

Dynamitage 

Le Journal a été interpellé par trois citoyens ayant ressenti des secousses importantes dans les semaines du 19 et 26 mai. Leur résidence se trouve à une distance d’un kilomètre de la carrière où se sont tenues des séances de dynamitage. L’une des résidentes a communiqué avec la Ville de Cookshire-Eaton parce qu’elle disait craindre pour « l’intégrité de la fondation, structure et matériaux de plusieurs bâtiments ».  

Carrière FB confirme avoir procédé à du dynamitage échelonné sur une période de trois semaines. Ayant maintenant tout le matériel et le tonnage nécessaires à exploiter à court-moyen terme, ce type de procédures n’est plus prévu à l’ordre du jour pour le moment. « Oui, on a fait faire du dynamitage. Mais pas n’importe comment. C’est une équipe spécialisée, accréditée, expérimentée, qui a réalisé un travail exemplaire. Tout a été encadré, sécurisé, surveillé. Rien n’a été fait à la légère », a indiqué Dany Fauteux dans une publication Facebook.  

Mise au courant 

Les citoyens opposés au projet se sont présentés à la séance du conseil municipal de Cookshire-Eaton le 2 juin. « On a eu un échange d’une quinzaine de minutes avec le maire puis la greffière. […] On a beaucoup mis de pression. […] On n’est vraiment pas satisfait de ce que la Ville nous a répondu », indique par téléphone le représentant du groupe.  

Le maire de Cookshire-Eaton, Mario Gendron, reconnait que « l’ouverture d’une carrière, ça plait pas à personne, mais ça suit les règles comme il faut. » Carrière FB a fait ses devoirs avec ses multiples demandes d’approbation, entre autres auprès de la CPTAQ (Commission de protection du territoire agricole du Québec). « Quand le règlement prévoit que tout est conforme, on n’a pas le choix de l’accepter. […] Même si on avait dit : « On n’est pas d’accord avec ça », la CPTAQ est par-dessus nous autres. » 

Camions et valeur des maisons 

Néanmoins, le maire reconnait que l’arrivée d’une carrière change le quotidien des citoyens. « Quand il y a une voie publique où il y a beaucoup de trafic lourd, c’est certain que ça fait diminuer la valeur des propriétés. » Il donne l’exemple du secteur Johnville où l’on retrouve sept gravières-sablières en activité. « Voilà quelques années, il y avait peut-être 25-50 camions qui passaient là, mais là, il y en a 200-300 » par jour. 

À l’opposé, Dany Fauteux de Carrière FB croit que la demande pour les habitations à Johnville demeure forte, malgré la présence des sept sites et du chemin de fer dans le secteur. D’ailleurs, il offre un produit distinct de ces entreprises établies depuis longtemps dans la région. Il produit du roc concassé, d’où l’obtention d’un permis d’exploitation pour carrière ou mine, plutôt qu’un permis de gravière-sablière. 

Matière première 

M. Fauteux et le maire Gendron s’entendent pour dire que les sites de Sherbrooke sont vides et que la demande s’amène à nos portes. « Il n’y a plus de gravier dans les environs de Sherbrooke. Toutes les gravières sont vides. Donc ici, c’est le coin où il y a le plus de possibilités pour du gravier », explique Mario Gendron.  

Le but de Dany Fauteux avec sa carrière « est d’atteindre 30 000 tonnes par année. Idéalement 40 000-45 000 tonnes d’ici trois ans. Si on vend 20 000 tonnes cette année, je vais être content. 20 000 tonnes, ça représente 40 trucks » par semaine. Le représentant du groupe citoyen avance plutôt avoir « vu environ 60 camions sortir avec du matériel pour réparer les routes de Cookshire-Eaton en deux jours » dans la semaine du 9 juin.

De son côté, la Ville de Cookshire-Eaton jongle avec l’idée d’imposer éventuellement un moratoire pour limiter le nombre de gravières sur son territoire. Début juillet, elle prévoit également une séance d’information portant sur la Carrière FB, lors de laquelle les propriétaires seront absents.  

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Jean-Marc Brais
Jean-Marc oeuvre dans les médias communautaires depuis 2013. Il a été journaliste pour le Haut-Saint-François de 2017 à 2019. Il est de retour au Journal depuis 2024.

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